samedi 25 juin 2016

Le Christ en plein cœur (3/4) : L’amour d’un Dieu crucifié

La Crucifixion blanche (1938) Art Institute, Chicago
Cette semaine, notre parcours évangélique nous place directement au pied de la croix, sommet de la révélation du Dieu miséricordieux : « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Pour entrer dans la compréhension de cet amour donné jusqu’au bout, nous pouvons faire un détour par l’œuvre de Chagall, peintre juif du XXème siècle, dont l’œuvre a été fortement marquée par la figure du crucifié.

La croix du Christ, présente dans notre histoire. La symbolique du tableau est très forte, et les renvois à la religion juive y sont nombreux. Par exemple, le pagne du Christ est remplacé par un « talith », châle utilisé pour la prière juive. De même, sur la droite du tableau, une synagogue allemande est en flamme. Sur la gauche, on entrevoit les persécutions subies par les juifs pendant la guerre civile russe (1917-1923).
Dans cette œuvre, Chagall peut s’inspirer d’événements historiques réels. 1938… : en Allemagne la destruction de la synagogue de Munich et la nuit de cristal sont des faits qui touchent profondément le peintre.


La croix du Christ, amour de Dieu pour tous les hommes. Le Christ, ici, c’est donc à la fois le messie des chrétiens mais aussi l’image de l’homme juif persécuté. Avec cette image du Christ juif, il s’agit de signifier aux consciences chrétiennes que le martyre juif est une réplique du sacrifice de Jésus, tout en rappelant qu’il était lui-même juif. Au scandale de la crucifixion se superpose celui de la Shoah. Ce tableau pour nous signifier que la miséricorde, autre nom de l’amour de Dieu, exprime aussi la compassion de Dieu pour tous les hommes en même temps qu’elle nous appelle à ne pas rester indifférents face aux souffrances de notre monde.

La crucifixion en jaune (1942-43) 
Chagall n’a pas circonscrit les crucifixions à la période de la Shoah. Le motif du crucifié est apparu très tôt dans l’œuvre de l’artiste (1912, Golgotha), qui l’a déployé tout au long de sa vie. Il prend néanmoins, avec la montée des périls, une coloration et un retentissement particuliers à partir des années 1930. Au total, ce sont plus de 365 œuvres comportant le motif du crucifié.                                                                                                                     Cette semaine, je peux désirer me tenir au pied de la croix du Christ et demander à Dieu de me révéler la profondeur de son amour pour moi.

L’apôtre Paul écrit à propos de la croix du Christ : « Ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. » (1 Co 25). Quel est le sens de la croix du Christ pour moi et dans ma vie ? Folie ou sagesse ? Faiblesse ou force ? La croix du Christ vient briser toutes les images que nous pourrions nous faire spontanément de Dieu : ni grand-père débonnaire, ni justicier implacable. Voilà l’amour donné jusqu’au bout, voilà le cœur de Dieu ouvert pour tous les hommes et pour toujours…

Exodus (1952-1966)
Pour aller plus loin… Chagall et la Bible
https://www.youtube.com/watch?v=OSxQ5aiO4V8 (pour méditer en musique !)

dimanche 19 juin 2016

Le Christ en plein cœur (2/4) : les paraboles de la miséricorde

Une parabole est un récit fondé sur une comparaison avec la vie ordinaire. Faite pour être interprétée, elle révèle le cœur de Dieu et pousse (celui qui entend !) à ajuster sa vie à son projet d’amour. Jésus aimait beaucoup parlé de cette manière !

Les trois paraboles dites de la miséricorde se trouvent dans l'évangile de Luc (ch. 15), série de trois énigmes pour illustrer la miséricorde du Père, toujours plus grande, toujours plus totale :- Dans l’énigme du berger, l’amour était de un pour cent (15, versets 1-7),
-         -  Dans l’énigme de la drachme, l’amour était de un pour dix (15, versets 8-10),
-         - Dans l’énigme du fils prodigue, l’amour est de un pour un (15, versets 11-32).

Ce pardon de Dieu, inconditionnel, nous pousse à la miséricorde les uns envers les autres : « Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux (Luc 6, 36) ».

La parabole du fils prodigue : révélation du cœur de Dieu. 
Dans cette parabole, la relation entre le Créateur et la créature devient entière et totale. L’énigme réside moins dans l’interprétation de la parabole, laquelle possède un sens relativement clair, que dans la profondeur de ce qu’elle illustre : le mystère de la miséricorde, sa gratuité et sa grandeur. 
Le retour du fils prodigue, peint par Arcabas
Le personnage principal de la parabole, le père indulgent, est proposé ici comme représentation de Dieu. En racontant l’histoire, Jésus s’identifie avec lui dans son attitude de miséricorde et de patience pour les pécheurs, qu’illustre le fils cadet de la parabole. Le frère aîné représente au contraire les hommes en apparence justes, mais trop satisfaits de leur propre vertu pour comprendre le sens de la véritable morale.

Cette semaine, je peux choisir de prendre un temps pour méditer (le matin, le soir, dans le métro…) l’une des trois paraboles de la miséricorde chez saint Luc (Lc 15). Je peux demander la grâce d’une connaissance intérieure du cœur miséricordieux de Dieu.

La miséricorde en actes ne laisse pas indifférent. En regardant la parabole du fils prodigue nous pouvons facilement nous identifier à l’un des trois personnages (le père qui pardonne, le fils qui est pardonné, le frère qui assiste au pardon). Où suis-je dans cette parabole ? Quels sont mes sentiments ? Indignité du fils cadet ? Colère et jalousie du fils aîné ? C’est aussi en acceptant ce qui m’habite, en reconnaissant mes limites à aimer et à pardonner, que je peux m’ouvrir davantage à la miséricorde de Dieu qui vient guérir mes blessures.

Proposition pour un parcours artistique : le fils prodigue peint par Rembrandt : vidéo

mardi 14 juin 2016

Le Christ en plein cœur (1/4) : les œuvres de miséricorde

La parabole du « Bon samaritain », illustration
des œuvres de miséricorde corporelles. Par Edy Legrand
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Au rythme de la Bible… Dès l’Ancien Testament, toutes sortes de mesures juridiques (année de rémission, interdiction du prêt à intérêt, obligation de la dîme, etc.) répondent à l’exhortation du livre du Deutéronome. L’Église a "créé" les "œuvres de miséricorde" à partir de ces textes bibliques et en contemplant les attitudes personnelles du Christ : le pardon, la correction fraternelle, la consolation, la souffrance endurée, etc. L'originalité des oeuvres de miséricorde tient d'abord à l'ensemble qu'elles forment : la liste renvoie à une anthropologie, à une conception de l'homme qui prend en compte les conséquences de sa "finitude", de nos limites vues comme des lieux de croissance et de solidarité.

Des gestes du quotidien
Il y a donc 14 œuvres de miséricorde : 7 corporelles et 7 spirituelles. Les premières reprennent les indications des évangiles, notamment le chapitre 25 de l'évangile de Matthieu : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. Les œuvres spirituelles forment une très belle liste de gestes très concrets et ordinaires qui touchent tous les domaines de notre vie amicale, familiale, professionnelle ou ecclésiale : conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts.
Au centre des œuvres de miséricorde spirituelle : Pardonner les offenses !
Dans les jours qui viennent, je peux choisir l’une ou l’autre des œuvres de miséricorde corporelles et/ou spirituelles et demander la grâce d’en vivre davantage à la manière de l’évangile.
Les œuvres de miséricorde nous interrogent d’abord sur la manière de placer l’Evangile au centre de nos vies, dans nos relations à nous-mêmes et aux autres. Il y a des moments où nous pouvons nous sentir traverser par ces élans d’amour fraternel. Ai-je conscience de ces mouvements en moi ? Comment est-ce que j’accompagne ces désirs qui me traversent, qui naissent en moi ? Comment est-ce que je résiste aux mouvements qui vont dans l’autre sens ?

Et concrètement ?...
Donner à manger aux affamés : avec le CCFD-Terre Solidaire.
Assister les malades : avec le Service Evangélique des malades 
http://www.eglise.catholique.fr/actualites/416313-avec-le-sem-assister-les-malades/

mardi 7 juin 2016

Tout ce qui n’est pas donné est perdu (4/4) : Inigo, volontariat jésuite international

des volontaires avant le départ
INIGO, c’est le service jésuite du volontariat international. Le programme propose à toutes personnes de plus de 18 ans, de vivre une expérience de volontariat d’une durée de 4 à 24 mois en Afrique, Amérique latine et Asie, bref aux quatre coins de la planète !

INIGO, c’est 130 départs en l’espace de 10 ans d’existence, la plupart pour une durée d’un an. Beaucoup ont moins de 25 ans et partent une année entière avec le désir de vivre une aventure humaine et spirituelle forte, dans l’ouverture de soi et aux autres.
INIGO, c’est une préparation de 6 mois en amont, à la fois spirituelle, interculturelle et technique, un envoi et un suivi sur le terrain dans des activités variées mais toutes avec une note sociale forte, et un accompagnement lors du retour en France pour se poser, relire l’expérience vécue pour en saisir l’épaisseur humaine et spirituelle. 
« Passer de la tête au cœur ! » Jean, étudiant à HEC, 23 ans, parti un an et demi dans un bidonville du Kenya, résume son expérience : « En un an, j’ai progressivement appris à passer de la tête au cœur ! » Découverte qu’une tête bien faite, conforme au modèle français des Grandes Ecoles, ne suffit pas, que le fossé culturel et intellectuel impose de devoir trouver une nouvelle manière d’être présent aux autres et au Christ, plus essentielle, plus fondamentale. Quand l’intellect seul ne sert plus à grand-chose, l’expérience de la faiblesse des autres me renvoie à ma propre faiblesse. Aimer et servir, c’est faire la découverte que « c’est en consentant à nos faiblesses et à celles des autres que nous entrons vraiment en relation »

Après Inigo ? 
Inigo se comprend comme une étape, avec la certitude que cette expérience d’une ouverture vécue en profondeur peut produire de nombreux fruits dans nos sociétés humaines en quête de profondeur. Le volontariat fait apercevoir une nouvelle manière d’ « être pratiquant », une certaine manière d’être présent aux autres dans la pratique, tous les jours. Et à partir de là, trouver le Christ dans le monde. Bref une manière d’être contemplatif dans l’action !

Cette semaine, je peux demander la grâce d’un cœur de chair, un cœur qui soit sensible aux misères, conflits, injustices qui traversent notre monde de part en part. La pauvreté et les détresses du monde me renvoient à ma propre faiblesse quand je constate les limites de ma capacité à aider ou à aimer comme je le voudrais. Est-ce que je suis touché par l’actualité nationale et internationale, dans ce que j’y lis de bon et de plus douloureux ? Ai-je moi-même le désir de m’ouvrir à d’autres pays, à d’autres cultures, à d’autres pauvretés ? Tous mes désirs et mes résistances, je peux les confier au Seigneur. Notre Père…

Et encore…
Les liens Internet. http://www.inigo-volontariat.com/

Le témoignage de Geoffroy, volontaire INIGO au Cambodge : vidéo.

Paul sj and co